Le lendemain de la mise à l’eau, nous avons la visite d’un expert qui nous vient tout droit de la DDT de Lyon. Ces messieurs, parait il, prennent rarement la peine de se déplacer pour expertiser une construction amateur. Manque de bol, c’est pour notre pomme!
L’expert arrive, flanqué de deux jeunes stagiaires qu’il se doit d’épater. Malgré le dossier de constructeur amateur qu’il a entre ses mains, il a décidé que notre bateau accueillerait du public, serait loué ou encore, prêté. Il exige des plans d’évacuation, des notices, des écriteaux explicatifs, des gardes corps, deux postes de pilotage dont un avec visibilité à 360° (caméras ou rétroviseurs ne faisant évidement pas l’affaire) et un tas d’autres lubies qui ne figurent en aucun cas dans le règlement de la construction amateur de la division 240 plaisance. Nous lui rappelons régulièrement qu’il s’agit d’une construction amateur mais il peine à l’entendre et reste bloqué sur son idée jusqu’au bout.
Après de très longues et pénibles heures à écouter l’expert épiloguer, ces messieurs dame finissent enfin par s’en aller.
Le lendemain, nous recevons par mail, une autorisation provisoire naviguer de deux mois qui ne nous permet pas de prendre la vignette VNF pour un bateau électrique. Bureaucratie, quand tu nous tiens…
Après une brève réflexion sur ce délai infiniment trop court pour faire tout ce que l’expert exige et notre fatigue cumulée des derniers mois, nous décidons de nous reposer d’abord et de nous occuper de ces tracasseries inutiles ensuite. Un contrôle de la gendarmerie fluviale une semaine plus tard, nous confortera que notre décision était la bonne. Pour eux, il n’y a pas de problème, ce sont juste les méandres administratifs français…
Départ, donc, pour la toute première navigation de l’Equinoxe.
A Peine décollé du quai, les trois moteurs électriques à bâbord et un à tribord nous lâchent. Nous décidons, malgré tout, de prendre l’écluse qui permet de rejoindre la Saône avec les deux moteurs restants. Le Yoda nous accompagne pour faire de jolies images et nous porter secours si d’aventure les deux moteurs restants flancheraient, eux aussi.


Nos deux chiens ne démordent pas, l’ancien bateau est mieux…

Mmmh, ce n’est pas évident de prendre une écluse avec un bateau qui navigue en crabe et il serait dommage d’abimer la peinture toute neuve sur les premiers bajoyers rencontrés. Fort heureusement, il y a pleins de bras pour pousser et tirer. Nous voici sur la Saône et comme à chaque fois, à la sortie de l’écluse, que se soit du canal de Bourgogne ou du Rhône au Rhin un petit sentiment de liberté nous envahi.

Nous remontons la Saône pour rejoindre la famille et les amis qui sont amarrés en sauvage un peu au dessus de l’embouchure du Rhône au Rhin. L’Equinoxe remonte très bien le courant avec le tiers ses moteurs.

A l’aide de deux rampes en alu, le chargement et déchargement de la méhari se passe relativement facilement. Il faut un peu manoeuvrer ou plus simplement, soulever l’arrière de la voiture pour la ranger à sa place.




Nous devons faire quelques mises au point avant de naviguer pour de bon. Si les six moteurs sont intacts, quatre des six contrôleurs-moteurs ont grillés à cause d’une surtension. Il faut remplacer deux des contrôleurs et l’Equinoxe devrait pouvoir naviguer sans problème. Régler les régulateurs de charge des capteurs solaires pour, à l’avenir, éviter ce genre de problème.
Le bateau étant plus léger que prévu, nous devons rajouter du poids à l’arrière pour que les hélices ventilent moins. Nous y installons deux gros réservoirs souples qui peuvent être remplis ou vidés selon les besoins. L’Equinoxe ayant de grandes baies vitrées, il faut rapidement coudre des rideaux pour avoir de l’ombre et un peu d’intimité.
Après quelques jours de bricolages et de festivités, nous laissons famille et amis pour remonter la petite Saône en direction de Corre.

Admirons ce beau paysage et ce beau pont en lames d’acacia qui laisse des échardes dans les pieds et de gros regrets dans le coeur. Il a aussi, la fâcheuse tendance à devenir très très chaud au soleil et a se dégrader à vitesse grand V. Avant de monter les gardes corps et la timonerie extérieure, il sera arraché et remplacé par du liège marin. Beaucoup moins joli mais tellement plus pratique!

De retour à Saint Jean de Losne, nous continuons sur la Grande Saône direction Tournus et la Seille mais avant l’écluse de l’Orme, un impératif nous rappelle à Saint Jean de Losne. C’est une excellente occasion de tester les moteurs et l’autonomie des batteries sur une grande distance. Le trajet fait un peu plus de 80 km et nous naviguons à une moyenne de 12 km/h à contre courant. RAS, les moteurs tournent toujours et il reste largement assez de courant pour la vie à bord le soir.

Le reste de l’été se fera sur un mode vacances. Descendre la grande Saône, emprunter la Seille jusqu’à Louhans et remonter pour prendre le Rhône au Rhin début octobre, avant l’échéance de notre autorisation de naviguer.
Petite prise de tête avec l’éclusier de la première écluse du Rhone au Rhin parce que nous n’avons pas de vignette. Finalement, il fera un signalement en haut lieu et nous pouvons continuer notre voyage.
Entre les crues récurrentes du Doubs à l’automne 2025, nous prenons un peu de retard pour rejoindre Isle sur le Doubs. En louvoyant entre les bois flottants parfois imposants, nous finissons par y arriver fin octobre.
Le bilan après trois mois de navigation (fin juillet à fin octobre) est positif même si il reste des choses à améliorer, à finir ou à refaire.
- Les quatre moteurs ont très bien fonctionné.
- Son autonomie est de plus de 100 km à une vitesse de 12 Km/h à contre courant. On peut, donc, facilement naviguer 5-6 jours à une vitesse de 6 km/h même par temps couvert.
- L’Equinoxe est complètement autonome en énergie de mi avril à mi octobre. Et suffisant pour la vie à bord et une petite balade de temps en temps le reste de l’année.
- Sa vitesse maximale est de 17km/h mais sa vitesse de croisière idéale est de 8 km/h.
- Il est bien manoeuvrable en dessus de 6 Km/h. En dessous, il devient très sensible au vent et aux courants latéraux, les entrées et sorties d’écluses sont parfois sportives, on y a parfois laisser de la sueur (froide) et de la peinture.
- Les hélices vibrent un peu trop à notre gout, ventilent et chantent à certains régimes. A voir avec des tuyères…
- Son faible tirant d’eau est un atout pour amarrer en « sauvage » et naviguer dans nos canaux si bien entretenus (lol).
- Il faut trouver une astuce contre les algues; on manque de puissance pour bien libérer les hélices.
- Son tirant d’air ne nous a pas posé problème jusque là.
- Et la To Do List est en évolution constante…

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